DiscoverIci l'EuropeStéphane Séjourné : "Il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux"
Stéphane Séjourné : "Il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux"

Stéphane Séjourné : "Il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux"

Update: 2025-05-23
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Cette semaine, nous recevons Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle à la Commission européenne. Simplification administrative et lancement du programme "Choose Europe", il présente les mesures pour relancer la compétitivité des Vingt-Sept, et nous parle de l’Europe de la défense et du défi démocratique en Roumanie et Pologne.

La Commission européenne a dévoilé sa nouvelle "stratégie pour le marché unique" européen ayant pour objectif de lever les barrières internes et d’inciter les entreprises européennes à investir sur le continent.

"Le contexte international fait du marché intérieur une valeur refuge pour les entreprises européennes. Or, elles sont plus facilement internationalisées qu’européanisées", explique Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle à la Commission européenne et également ancien député européen du groupe Renew. Selon lui, les barrières réglementaires empêchent certaines entreprises européennes de se développer dans d’autres pays européens.

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"Il faut de la flexibilité"

"Nous avons mis en place des dispositifs pour simplifier et harmoniser l'ensemble des règlements. Il y aura un objectif, y compris celui d’un 28ᵉ régime pour les entreprises qui veulent opérer sur le marché européen", détaille-t-il. Face aux tensions commerciales actuelles entre l’Union européenne (UE) et la Chine ou avec les États-Unis, Stéphane Séjourné appelle à "réduire nos dépendances" envers ces pays. "Le marché européen de 450 millions de consommateurs doit [...] offrir des perspectives de croissance pour nos entreprises européennes et notamment pour les entreprises françaises."

Cette stratégie prévoit notamment d’exempter les petites et moyennes entreprises d'être inscrites au portail de la gestion des émissions carbone. Les ONG environnementales dénoncent une dérégulation déguisée qui irait à l’encontre des engagements pris par les Vingt-Sept en faveur de la protection du climat. "Nous avons décidé de garder les standards que nous avions fixés lors de la dernière mandature, c’est-à-dire la décarbonation de notre économie d’ici 2050. [...] L'objectif est intangible", se défend Stéphane Séjourné. 

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"Nous sommes pragmatiques dans le contexte international qui a changé le contexte d'incertitude économique au sein du marché intérieur et donc de notre propre économie européenne. Il faut donner des flexibilités. Cela ne veut pas dire déréguler notre système, mais c'est retirer le papier, harmoniser les règles, pousser les États membres à justement faire des convergences fiscales et administratives sur un certain nombre de secteurs," tempère le commissaire européen. Face au climat d'incertitude économique, il insiste sur la nécessité d’être flexible : "Si vous rendez fixe le chemin, vous perdez toute marge de discussion et de négociation, et notamment d'adaptabilité économique."

Les ONG environnementales dénoncent également une possible suppression du devoir de vigilance sur les entreprises, comme souhaité par le président français et le chancelier allemand, ce qui irait à l’encontre du Pacte vert européen.

Les grandes entreprises ont le devoir de mettre en œuvre des mesures pour identifier, prévenir et atténuer les risques liés aux droits humains et à l’environnement tout au long de leur chaîne de production. "Cela faisait peser sur les entreprises européennes la responsabilité de toute la chaîne de valeur, y compris en dehors de l'UE. Cela partait assez bas dans la chaîne de valeur, c'est-à-dire que le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant devait également être contrôlé par votre entreprise européenne, sinon vous pouviez être responsable devant les tribunaux européens. Cela posait un certain nombre de problèmes d'insécurité juridique", détaille le vice-président exécutif chargé de la stratégie industrielle.

"L'Allemagne et la France ont fait une proposition pour remettre à plat ce texte, qui est clairement de le supprimer", confirme-t-il. Il précise que pour cela, il leur faut encore obtenir une majorité puisque c'est une codécision du Parlement européen et du Conseil. "Nous regarderons si nous ne pouvons pas garder les objectifs tout en simplifiant totalement le dispositif. [...] Au moment où les Américains font des choix très radicaux, il faut qu'on puisse aussi être très clairs sur notre réglementation européenne."

"Il faut défendre l'intérêt européen au fur et à mesure des soubresauts de l'administration Trump"

Donald Trump a brandi de nouvelles menaces sur les droits de douane en ciblant l'UE, visée par une surtaxe de 50 % sur ses produits exportés aux États-Unis. Depuis le début des discussions, les Vingt-Sept sont partagés entre une réponse forte basée sur des représailles douanières et sur une volonté de continuer la négociation.

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"Pendant cette période, il ne faut pas de doctrine. Il ne faut pas choisir une option ou une autre. Je pense qu'il faut défendre l'intérêt européen au fur et à mesure des soubresauts de l'administration Trump et du contexte international", explique Stéphane Séjourné.

"Je prône de ne surtout rien noter de définitif dans les propositions que nous pouvons faire tant que nous n'avons pas une proposition américaine sur la table", détaille-t-il. Selon lui, certains secteurs de production nécessiteront une "réciprocité complète" en termes de droits de douane appliqués aux produits américains, comme l’aéronautique : "S’il y a 10 % sur Airbus, il faut qu’il y ait 10 % sur Boeing."

Dans d’autres secteurs, la réciprocité n’est pas dans l’intérêt de l’UE selon lui. "L'Europe a bien entrepris cette négociation. Elle a été moins vocale que les Américains, mais également unie dans la période", affirme le vice-président exécutif à la Commission. 

"Une partie de la réglementation pourrait affaiblir la demande de véhicules"

En Europe, le marché de l’automobile représente 13 millions de travailleurs directs et indirects. Une industrie automobile européenne que Stéphane Séjourné estime "en danger de mort" notamment à cause de l’imposition de nouveaux droits de douane américains, de mauvais choix stratégiques et d’un excès de normes européennes. "Il y a un risque commercial fort puisque nous exportons des véhicules. Des constructeurs ont aussi décidé de produire en dehors de l'UE, pour d'autres marchés, pour des marchés domestiques sur lesquels ils comptent se développer. Il faut qu'on continue à pouvoir les aider", prévient le commissaire européen.

L’UE a voté l’interdiction de la vente de voitures à essence et diesel à partir de 2035. Une décision qui pourrait être remise en question par la Commission européenne afin de relancer le secteur automobile.

"Une partie de la réglementation pourrait affaiblir la demande de véhicules si nous n'avons pas des critères d'achat européen de voitures électriques dans les flottes professionnelles d'entreprise, nous n'arriverons pas à booster la demande et nous n'arriverons pas à sortir par le haut," explique Stéphane Séjourné. "Dans un deuxième temps, il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux. [...] Si nous souhaitons réduire notre dépendance par rapport à la Chine et se préserver d'un futur marché américain qui peut fermer, il faut absolument trouver des nouveaux débouchés."

"De nouvelles ressources propres"

L’UE cherche à mettre en place une préférence européenne, avec 65 % de composants devant être européens, en matière d’achat d’armement en commun pour renforcer sa défense. "Nous ne pouvons pas avoir de matériel qui soit 100 % am

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